24 mai 2007

La légitimité du pouvoir à la sauce Fillon

En promettant de virer de son gouvernement tout ministre battu aux législatives, François Fillon voudrait renforcer, une nouvelle fois, la légitimité démocratique du gouvernement Sarkozy. Cette rengaine de la légitimité démocratique revient avec une telle régularité qu'on ne peut pas ne pas la trouver louche.

Je sais qu'en principe la droite française est une droite républicaine, très attachée aux valeurs démocratiques, etc. etc. Cependant, on ne les a pas entendus protester quand ils étaient les bénéficiaires de la réélection de Jacques Chirac à 80 pour cent des voix, et de sa décision de prendre son élection pour une validation des politiques menées jusqu'alors.

Il y a forcément quelque chose derrière cette recherche de légitimité. Qui, bien entendu, ne commence pas avec Fillon. Ce thème est largement présent, aussi, chez le Sarkozy de la campagne présidentielle.

La nouvelle variante, de l'obligation de resultat pour les ministres-députés, fait donc du cumul de mandats le signe de la démocratie, alors que c'est bien sûr le signe d'un resserrement du pouvoir entre les mains d'une classe politique plutôt réduite, ainsi qu'une confusion démocratique de plus qui brouille les distinctions entre les différents niveaux de l'Etat. (J'avais oublié celle-là.)

Surtout, en faisant l'élection dans une seule circonscription la preuve d'une légitimité nationale, Fillon s'appuie sur une image de démocratie, plutôt que sur une réalité démocratique. Pourquoi les électeurs de la Sarthe auraient-ils le privilège de choisir le Premier Ministre de la France tout entière ? Et cette tentative de nous servir l'image de la chose plutôt que la chose elle-même va évidemment fonctionner parfaitement. Ce sont des paroles vides qui serviront, effectivement, à renforcer cette perception de légitimité. Sauf si la France acquérait, soudain, un esprit critique qu'elle semble avoir perdu.

UPDATE: Rali en parle aussi.

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